Quand Victor Hugo faisait La Manche
- Eric Mangon
- 4 avr. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 mars
Victor Hugo : la Manche d'Avranches à Saint-Lô
L'été 1836 fut l'occasion pour Victor Hugo de sillonner le département normand de la Manche, en diligence, en malle-poste, à pied ou en barque. Du Mont-Saint-Michel à Avranches, de Granville à Coutances, de Saint-Lô à Barfleur, chaque étape était l'occasion d'écrire à ses proches, de prendre des notes ou de réaliser quelques croquis.
Visiblement surpris de ses conditions d'hébergement provinciales, il décrira ainsi une nuit à Pontorson : « Voici la chambre où je suis censé avoir dormi à Pontorson : un galetas plafonné en poutres et planchéié en terre (dans le pays ils disent planchié, ce qui est plus expressif) ; d’énormes araignées au plafond, de très petites puces par terre. Deux chaises veuves de leur paille. Un matelas qui sent le doux. Vis-à-vis la fenêtre une vieille enseigne où on lit en vieilles lettres presque effacées : Un tel, tailleur arrivant de Paris. On vous sert à dîner. Les assiettes bretonnes sont comme des formations. Il faudrait pénétrer plusieurs couches de je ne sais quoi avant d’arriver à la faïence. Si les puces marchaient, elles y laisseraient très certainement l’empreinte de leurs petits pieds... »
Du Mont-Saint-Michel situé à 8 kilomètres de Pontorson, il partagera tout d'abord son admiration : « À l’extérieur, le Mont-Saint-Michel apparaît, de huit lieues en terre et de quinze en mer, comme une chose sublime, une pyramide merveilleuse dont chaque assise est un rocher énorme façonné par l’océan ou un haut habitacle sculpté par le moyen-âge, et ce bloc monstrueux a pour base, tantôt un désert de sable comme Chéops, tantôt la mer comme le Ténériffe. »
Le Mont-Saint-Michel est misérable
Puis il dépeindra la Merveille de l’Occident intra-muros comme un site sordide : « À l’intérieur, le Mont-Saint-Michel est misérable. Un gendarme est à la porte, assis sur le gros canon rouillé pris aux anglais par les mémorables défenseurs du château. Il y avait un second canon de même origine. On l’a laissé bêtement s’enliser dans les fanges de la poterne. On monte. C’est un village immonde où l’on ne rencontre que des paysans sournois, des soldats ennuyés et un aumônier tel quel. Dans le château, tout est bruit de verrous, bruit de métiers, des ombres qui gardent des ombres qui travaillent (pour gagner vingt-cinq sous par semaine), des spectres en guenilles qui se meuvent dans des pénombres blafardes sous les vieux arceaux des moines, l’admirable salle des chevaliers devenue atelier où l’on regarde par une lucarne s’agiter des hommes hideux et gris qui ont l’air d’araignées énormes, la nef romane changée en réfectoire infect, le charmant cloître à ogives si délicates transformé en promenoir sordide... »
Son passage à Granville lui inspirera un poème, publié en 1856 dans Les Contemplations « À Granville, en 1836 ». Il ne sait pas encore que l'avenir lui réservera 15 années d'exil politique à une trentaine de milles de là, en pleine mer. Il vivra de 1856 à 1870 avec sa famille sur l'île anglo-normande de Guernesey, dans la maison qu'il a transformée et aménagée selon ses goûts, Hauteville House.
Notre-Dame de Saint-Lô et sa chaire extérieure
De Saint-Lô, préfecture de la Manche, l'auteur de Notre-Dame de Paris ne retiendra que l'église Notre-Dame et sa spécificité architecturale, évoquée dans son recueil d'écrits posthume « Choses vues ».

Éric Mangon | Rédacteur | Relecteur | Correcteur professionnel
Rédacteur et correcteur, j'ai conçu le visuel et rédigé cet article sur le passage de Victor Hugo dans le département de la Manche. Je propose aux particuliers et professionnels mes services de rédacteur indépendant (articles de presse, blogs, discours, comptes-rendus, pages web...), relecteur et correcteur de tout contenu rédactionnel à la demande.
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