Prêts à oublier "l'effet beurk" et à boire l'eau des WC ?
- Eric Mangon
- 20 déc. 2023
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 janv.
Surprenant comme titre. Pas très ragoûtant à imaginer. Serait-ce ce qui nous attend dans les années à venir ?
Un reportage diffusé hier soir sur France 5 (2022) présentait l’ambitieux projet « Jourdain » lancé par la région Vendée qui ne dispose pas de ressources hydriques en profondeur. Ses eaux de stations d’épuration habituellement rejetées en mer vont faire l’objet de traitements innovants dans une usine d’affinage flambant neuve des Sables-d’Olonne. Les premiers essais et tests dureront 1 année afin de valider processus et performances. L’objectif fixé est d’atteindre en 2027 la production de 1,5 million de m3 d’eau ensuite réinjectée dans l’actuelle retenue d’eau.
Alors, ce qui semble être une bonne idée en matière d’économie circulaire est-il réalisable ?
Un pays prouve depuis plus de 50 ans que c’est techniquement possible. En Namibie, un des pays les plus arides d’Afrique, situé entre les déserts du Namib et du Kalahari, il n’a pas plu depuis 6 ans. La rivière la plus proche de la capitale Windhoek et ses bidonvilles (400 000 habitants) est à 600 km, la mer à 300. Le journaliste évolue des bassins de retraitement où sont brassés des milliers de m3 de matière boueuse, jusqu’au robinet d’où coule une eau recyclée.
Après une dizaine de traitements, elle est à priori propre à l’œil avec un goût légèrement chloré, et sera mélangée aux autres sources d’approvisionnement. Un travail de pédagogie et un changement des mentalités ont également été nécessaires. Dotée d’un badge magnétique (pour la facturation), la population vient quotidiennement s’approvisionner aux robinets publics à l’aide de bouteilles en plastique. Il semble donc que le recul de 50 années de pratique permette d’afficher des résultats satisfaisants. Autre avantage de cette alternative à la désalinisation de l’eau de mer, elle coûterait 10 fois moins cher.
N’empêche que cela fait réfléchir. Boire son urine pour tenter de survivre, abandonné en plein Sahara, et « payer pour boire l’eau des toilettes des voisins », c’est différent... Et les profits engrangés par les industriels de l’eau ? « oui mais, industriels sans qui il n’y a pas d’études, de projets ni d’investissements... »
Et l’espérance de vie qui peut augmenter grâce à quelques litres d’eau fournie, pas très pure mais consommable ? « c’est mieux que pas d’eau du tout... », ben oui mais « c’est l’eau minérale pour les riches et l’eau de la chasse d’eau pour les pauvres... » Vaste sujet.
Alors, si on peut aisément imaginer qu’on irrigue les cultures avec une eau provenant des toilettes, il va falloir aussi se faire à l’idée qu’un jour, comme des millions d’autres humains « expérimentateurs » en Inde, à Singapour ou aux Usa, nous la consommerons régulièrement... et prendre encore plus soin de la ressource.
Eric Mangon relecteur correcteur | Scripto-net.fr | (illustration Unsplash)

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